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Choses (re)vues
14 septembre 2013

Film : American Nightmare

American Nightmare (The Purge)

De James Demonaco

Avec Ethan Hawke, Lena Headey

 

Pour lutter contre les problèmes de criminalité qui la ronge, l'Amérique, et ses nouveaux Pères Fondateurs, instaure une nuit de « purge ». Une fois par an, le meurtre est autorisé de 19h à 7h. La violence ainsi légalisée le temps d'une nuit permet d'exorciser ses passions et ses pulsions malsaines. Certains se barricadent chez eux en attendant 7h du matin, tandis que d'autres au contraire profitent de la possibilité qui leur est offerte.

La famille Sandin a pour habitude de rester en sécurité le temps de la purge. Mais quand un inconnu frappe à la porte et demande de l'aide, tout est chamboulé. Aider son prochain au risque de se faire soi-même tuer ? Ou accepter d'être le témoin d'un crime ?

 

L'idée de la catharsis n'est pas récente. Les Grecs déjà se devaient d'aller au théâtre où étaient représentées les passions humaines, dans le but de les exorciser en les voyant ainsi représentées. "Purification de l'âme du spectateur par le spectacle du châtiment du coupable" dit Aristote dans la Poétique.

Ici il ne s'agit pas de théâtre, mais d'une nuit où tout est permis. L'écueil à éviter était celui d'utiliser comme prétexte cette idée de purge pour montrer de la violence gratuite, privée de toute réflexion.

Il n'en est rien ici. Au contraire, les questions sont vite soulevées : la nuit de purge ne sert-elle pas avant tout à se débarrasser des pauvres et des SDF qui eux ne peuvent pas se cacher dans une maison transformée en bunker ? La fin justifie-t-elle les moyens : est-on prêt à sacrifier quelques centaines (milliers ?) de personnes pour avoir un taux de criminalité en baisse ?

On ne sait pas depuis combien de temps existe cette nuit de purge, mais il est intéressant de noter que les enfants Sandin, et particulièrement le fils, sont les plus enclins à aider le SDF qui se présente à leur porte. Vivre 364 jours par an dans un monde débarrassé de toute violence offre cette grandeur d'âme. Mais paradoxalement, le fils semble avoir perdu toute l'innocence de l'enfance. Ses dessins sont ceux de pendus et il transforme même l'objet le plus emblématique de l'enfance, la poupée, en une espèce de tank difforme utilisé comme caméra de surveillance.

En revanche les adultes voient les choses sous un autre angle. Réminiscence d'un temps où la violence était quotidienne ? Ou simple envie du réalisateur de tourner quelques scènes gores ?

Le groupe d'étudiants qui veut agresser le SDF (un Noir, d'ailleurs, critique discrète de l'Amérique actuelle ?) le dit clairement : la purge sert à éliminer les parasites. Les masques qu'ils utilisent sont grand guignolesques, soulignant l'absurdité de la situation. Une des étudiantes illustre parfaitement la métamorphose qui s'opère durant la nuit de purge. Elle est grande, élancée, de longues boucles blondes retombent sur ses épaules à peine dénudées par la robe blanche virginale qu'elle porte. Mais elle se promène avec une hache, et un masque effrayant. Sa démarche enfantine, le fait qu'elle fasse de la balançoire, tout est fait pour souligner ce côté femme/enfant, ange/démon, sous-entendant ainsi que la légitimation de la violence entraîne la violence, même pour cette jolie jeune femme.

Les voisins quant à eux ont un discours tout différent de celui des étudiants : eux tuent par jalousie. La mort est vue comme un sacrifice aux Pères Fondateurs. Dans cette scène assez délirante, la voisine des Sandin a l'air d'un gourou de secte, image évidemment peu anodine.

 Bref, l'idée est intéressante et bien traitée, ça vaut le détour, il faut juste aller au-delà de la publicité qui veut faire de American Nightmare un simple film d'horreur à la Destination Finale.

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